lundi, décembre 27, 2010

Le régime libyen persiste toujours dans sa politique anti-amazighe

Après l’emprisonnement du chanteur Abdellah Achini, pour une peine de cinq ans que d’aucuns qualifient d’injuste, voilà deux autres jeunes militants amazighs, les deux frères Bouzkhar Madghis et Mazigh, qui goûtent au même traitement.

En effet, ils ont été littéralement kidnappés de leur domicile par les forces sécuritaires libyennes la nuit du 16 décembre dernier.

Les mêmes forces libyennes reviennent à la charge deux jours après pour investir la maison familiale et la passer au peigne fin à la recherche de documents compromettants les deux jeunes activistes amazighs.

Au moment où les condamnations fusent de partout dans le monde contre le traitement fait à la population amazighe, le régime libyen fait la sourde oreille. Pire, il choisit même l’escalade.

Ainsi, ses forces de sécurité ont convoqué le père des deux jeunes militants, le docteur Fathi Bouzkhar, pour lui faire subir un interrogatoire des plus musclés tout en fouillant en même temps, de fond en comble, pour une deuxième fois d’affilé, la maison familiale.

À rappeler que les deux jeunes font partie du congrès mondial de la jeunesse amazighe, une structure organisationnelle supranationale, créée récemment, qui regroupe des militants amazigh de toute l’Afrique du Nord et de la diaspora.

À en croire le site web tamazighapress.com, c’est cette même organisation qui a appelé tous les militants des droits de l’homme à un sit-in de protestation devant la représentation diplomatique de la Libye à Rabat le 2 janvier prochain.

jeudi, décembre 09, 2010

Le Maroc n’a pas d’amis, il n’a que des ennemis

Le Maroc est définitivement dans de très beaux draps. Et c’est le moins que l’on puisse dire. En raison bien évidemment de l’éternel inextricable problème saharien. L’on n’a qu’à voir les dernières recommandations du parlement de l’Union européenne. Une gifle mémorablement douloureuse sur le visage du régime de Rabat.

Espérons qu’il en tirera, pendant qu’il est encore temps, les enseignements qui s’imposent ! Car c’est lui, et lui seul, qui est responsable de la tournure cataclysmique qu’ont pris les événements. Il ne faut surtout pas chercher, encore une fois, de faux-fuyants et autres échappatoires ridicules. Car il n’y a strictement personne d’autre à blâmer.

Pour dire les choses plus prosaïquement, dans cette affaire saharienne, le Makhzen ne s’est pas seulement enlisé dans le sable du désert, mais pire, il s’est tiré, tout seul, une balle dans le pied. Et quelle balle ! Une balle par trop empoisonnée qui risque incessamment de lui causer une tumeur plus que maligne. Avec tout ce qui s’ensuit comme tourments, douleurs et même, parfois, des effets mortellement fatals.

Fascisme arabo-franquiste

Je ne vais pas me répéter, car j’ai écrit, il y a plus de trois ans déjà, un article très détaillé sur la question du Sahara, intitulé, le Sahara occidental : le colon et l’autochtone. En fait, à y regarder de plus près, l’essence de la problématique concerne uniquement la terre. C’est cela et rien d’autre le nœud même de tout le conflit. Si le Polisario, aidé en cela plus que généreusement et massivement par les deux régimes arabes algéro-libyens (il faut aussi ajouter la Syrie et le Qatar à cette liste) et les nostalgiques fascistes espagnols, utilisait et utilise toutes les recettes possibles et imaginables pour se forger l’image de la victime éternelle ; le régime marocain, quant à lui, dormait et dort encore, profondément, sur ses lauriers, au plus grand désespoir de ses soutiens et de ses amis. Mais le réveil - espérons qu’il y en aura un au moins, si petit soit-il- risque d’être très, trop dur même. En effet, il faut bien s’attendre à ce que le Makhzen vive incessamment, les yeux exorbités, de terribles scénarii cauchemardesques. Si ce n’est déjà commencé !

Pire, et c’est vraiment de très mauvais augure, les deux fascismes arabe et espagnol filent scandaleusement, sous nos propres yeux, le parfait amour pour mettre le Maroc à genou et même littéralement le détruire. C’est tout bonnement l’application quasi parfaite du fameux adage : qui ressemble s’assemble (il y a déjà plus qu’un précédent dans l’histoire de l’arabisme : la Syrie baâthiste n’a pas hésité à s’allier avec l’Iran pour contrer un Irak tout aussi baâthiste ; les propos attribués dans les fuites de Wikileaks à Housni Moubarak pour la liquidation pure et simple de Saddam...). Il faut bien se rendre à l’évidence, le combat du Maroc à ce niveau-là est déjà complètement perdu. Il n’y a absolument plus rien à faire. Car il ne fait nullement le poids pas seulement en raison des milliards du régime algérien coulant à flot et le soutien indéfectible des mastodontes médiatiques ibériques aux terroristes du Polisario, mais aussi en raison de la médiocrité légendaire de sa diplomatie- si jamais il en avait une- monopolisée par ceux que vous savez.

Reste le front intérieur. Et c’est là que Rabat aurait pu au moins faire un petit quelque chose. Mais même là il a commis l’irréparable. Pire, il s’agit d’une faillite plus que totale. En effet, pour éviter de se regarder dans le miroir avec ce que cela implique comme examen de conscience difficile, voire douloureux, il n’avait jamais vraiment essayé de discréditer et de déconstruire, intellectuellement parlant, le discours du Polisario et de ses affidés. Ce qui passe, nécessairement et forcément, par la remise en question radicale de l’idéologie arabiste, le sienne propre. Celle-là même qui a été la matrice originelle du Polisario dans les années 70 –le Polisario est pour ainsi dire l’enfant illégitime du Makhzen.

N’en déplaise à certains, mais il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir que sans cette idéologie importée clé en main du Moyen Orient, il n’y aurait jamais de Polisario et encore moins toutes les multitudes de drames humains dont il était la cause directe ou indirecte. Cette vérité vous gêne aux entournures ? Soit. Mettez alors votre paire de lunettes et regardez bien son drapeau, lisez sa littérature pseudo politiques, écoutez attentivement ses porte-parole et ses dirigeants, cherchez quels sont ses indéfectibles soutiens... ! Et vous allez voir ce que vous allez voir.

En réalité, les choses sont extrêmement simples. Si aujourd’hui comme hier, au Maroc, des jeunes sahraouis deviennent encore une fois des polisariens exaltés, c’est parce que le même arabisme agressif, massivement présent à l’école et dans les médias, qui a produit leurs aînées est toujours, hélas, en vigueur. Les deux générations se sont nourries et se nourrissent jusqu’à la lie, encore aujourd’hui, de cette même idéologie morbide avec, en guise de bonus, la barbarie qui va avec.

Et je pense que vous en avez, dernièrement, une avant-première plus que intéressante : méprisables propagandes tous azimuts, destructions des biens publics et privés et, le summum de tout, égorgements sadiquement et minutieusement filmés de plusieurs policiers à la fleur de l’âge. Et ce, terrible coïncidence ou calcul machiavélique ou les deux à la fois, à quelques jours de la fête musulmane du... mouton. C’est sincèrement à foutre une frousse plus que bleue dans le cœur du plus courageux parmi les hommes. Mais comme le dit si bien un aphorisme... arabe : si l’on connaît la raison, la surprise n’aura plus de raison d’être.

Pour tout vous dire, le seul et l’unique explication de ces actes pour le moins inhumains n'est nullement la misère - les autochtones amazighs sont plus que misérablissimes, mais ils n'ont jamais égorgé personne- est le fascisme arabe. Et là, vous en conviendrez certainement, ce n’est vraiment pas les précédents qui manquent. Vous avez des doutes ? En fait, vous n’avez même pas besoin de faire un voyage risqué en Irak ou en Syrie, demandez juste aux civils marocains- oubliez les militaires, car c’est une autre histoire !- tombés, par manque de chance, sous la main des milices du Polisario ! De fait, comme l’a si bien dit, l’intellectuel égyptien Louis Awad, en 1978 déjà, l’arabisme raciste n’est qu’une forme de nazisme. Et Dieu sait qu’au Maroc, le pauvre, on n’en a vu et on n’en voit encore au jour d’aujourd’hui les abominables contrecoups. Jusqu’à quand cette situation inadmissible va-t-elle durer ? Nul ne le sait.

Le Maroc... amazigh

En lisant là et là sur Internet, je suis tombé sur un article d’un sympathisant zélés du Polisario qui parle, et c’est vraiment la première fois que je lis une telle affirmation de la part de gens dont l’antiamazighisme est une seconde nature (d’ailleurs, à ce propos, j’ai vu de mes propres yeux des images horribles, captées par une caméra vidéo, où des émeutiers de Laâyoune cherchaient hystériquement et férocement des Chleuhs, c’est ainsi qu’ils se sont exprimés dans leur dialecte hassani, certainement pour leur régler leur compte), de l’origine amazigho-arabe des tribus du Sahara occidental. Que ce soit dit de la part de personnes qui se targuent d’avoir le monopole de la pureté raciale arabe (reportez-vous aux propos de l’un des ténors du Polisario, feu Mahfoud Ali Beiba sur Al-Jazeera) sur une terre amazighe, c’en est plus qu’une première. Une vraie première !

En effet, comme je vous l’ai déjà dit, opportunistes qu’ils sont, les polisariens déclaré ou cachés anticipent déjà sur les événements. Bien plus, ils sont incroyablement réactifs. Car ils savent pertinemment la force majeure de l’argument amazigh dans le cas de ce conflit plus qu’artificiel. Simplement parce que il délégitime complètement et totalement leur idéologie arabiste et tous les projets diaboliques qui vont avec. Dont bien évidemment le plus important et le plus risible aussi : leur fameuse république arabe sahraouie démocratique avec son drapeau palestinien.

Comme à l’accoutumée, quitte à prendre fait et cause des terroristes du Polisario, les amazighophobes de tout poil vont aller vite en besogne pour dire, en chœur, que je divague. Qu’ils leur demandent, si c’est la terre est la leur, de nous expliquer rien que le sens du toponyme d’Agdim Izig où ils ont organisé leur célèbre épopée de l’indépendance ! Je suis intimement sûr et certain qu’aucun d’eux ne serait capable d’en deviner même le plus petit des sens. Il faut dire ce qu’il y a, c’est quasiment du chinois pour eux. Parce que simplement authentiquement amazigh.

Par ailleurs, pour être crédible aux yeux des polisariens et du monde, il faut que le régime de Rabat- si par miracle, il décide de changer, même si j’en doute- se... ''marocainise'' réellement et authentiquement. Une chose qui ne peut se faire qu'en répudiant, hic et nunc, son arabisme maladif et en réhabilitant, illico presto, l’amazighité du pays pour couper l’herbe sous les pieds de tous les excités arabistes du Sahara et d’ailleurs. Il faut donc rappeler le rôle la dynastie amazighe des Almoravides qui a fondé la ville de Marrakech, originaire justement du Sahara occidental. Parlons également de Youssef Ibn Tachfine- au lieu d’un obscur réfugié arabe chassé par les siens à coup d’épées extrêmement bien aiguisées et accueilli, heureusement pour lui, par les Amazighs d’Awraba- dont la tombe, hélas, est devenue quasiment une pissotière publique ! Évoquons les Almohades dont le règne s’étend sur toute l’Afrique du Nord ! N’oublions pas non plus les Saâdiens, originaires du Dra, dont le flanc sud de l’empire s’étend jusqu’à Tombouctou au Mali ! En fait, remettons simplement au goût du jour l’histoire plus que longue d’un Maroc qui a toujours été amazigh- il n’a pas que 12 siècles comme le dit et le répète ridiculement les médias-perroquets makhzeniens- qui faisait peur aux amis avant les ennemis !

Remise en question

Que ce soit clair une fois pour toute, mes idées ne seront pas une recette magique qui va estomper du jour au lendemain le discours terroriste du Polisario. Car le ver est définitivement dans le fruit et prendra probablement des décennies entières, si ce n’est plus, pour s’en aller. Mais il est certain que les plus intelligents parmi les multiples fans du Polisario vont passer leurs langues mille fois dans leurs bouches avant de nous servir, encore une fois, leur soupe argumentative pour le moins insipide. Mais une chose est plus que sûre : la reconnaissance, pleine et entière, de l’amazighité donnera, à coup sûr, davantage de consistance aux prétentions marocaines sur les territoires du Sahara, car fondamentalement amazighs. Au lieu de l’argumentation folklorique que le Makhzen et ses sbires répètent sans acunement avoir peur du ridicule.

À mon modeste point de vue, il faut être un vrai débile mental pour ne pas voir ce fait : l’étatisation et l’institutionnalisation de l’arabisme aux accents fascises plus que prononcés par le régime marocain a été un crime impardonnable. Continuer à le faire, c’est certainement vouloir, purement et simplement, se suicider. Définitivement. Car il faut savoir que la promotion de cette idéologie morbide fait du de Rabat un allié objectif du... Polisario. Dans le sens où elle permet de lui donner, directement et indirectement, plus de légitimité et même de renflouer ses rangs avec de nouveaux militants tout frais tout chaud, tout droit sorti de l’école arabiste marocaine. Sans absolument qu’il ait rien demandé. Ce qu’il l’encourage, par voie de conséquence, à aller de l’avant dans sa volonté de créer, coûte que coûte, une république arabe au sud d’Agadir.

Pour autant, et c’est vraiment important de poser ces interrogations légitimes, est-ce que le Makhzen va-t-il se remettre en question et dire, haut et fort, la légitime réalité amazighe du Maroc? Pensera-t-il, pour une fois, aux intérêts vitaux du pays plus qu’aux siens propres et ceux de ses relais locaux, nationaux et internationaux ? Va-t-il mettre en place par la suite un véritable État pourvu d’institutions représentatives qui jouent efficacement et pleinement leurs rôles ? Est-ce que la compétence, l’intérêt général, l’honnêteté, la rigueur, l’abnégation, etc., dans la gestion des affaires publiques... vont-ils, enfin, avoir de cité ? Va-t-il se débarrasser, par la même occasion, de la ribambelle de fils à papa exclusivement d’extraction arabo-andalouse qui a détruit tout sur son passage et mené, au propre et au figuré, le pays aux profondeurs des abysses ?

Connaissant la féroce haine makhzenienne historique de l’amazighité et de toutes les valeurs qu’elle véhicule, il est plus que certain qu’il n’en sera rien. Pire, le régime préféra cent fois mieux renoncer au Sahara que de se débarrasser de ses oripeaux idéologiques arabistes qui n’ont apporté rien de bon au pays -la réputation faite à la femme marocaine par les Arabes du Golfe et d’Égypte en est un autre exemple. C’est bien vrai, et j’ai mille fois raison de le dire et de le répéter : le Maroc, hélas, n’a nullement d’amis, il n’a que des ennemis. Et son pire ennemi, et ce n’est certainement pas ce que vous pourrez imaginer, c’est ce même Makhzen dont l’arrogance n’a que d’égale que sa médiocrité légendaire.

Chers amis, et je m’excuse si je clos ce modeste texte par une note on ne peut plus pessimiste, il ne sert strictement à rien de vous fatiguer les neurones, faites d’ores et déjà la prière de l’absent et sur le Sahara et même sur le Maroc ! Car, j’ai bien peur que les dés soient déjà pipés et les jeux soient définitivement faits. Vous soutenez le contraire ? Essayez alors de répondre, honnêtement et sincèrement, à cette petite et minuscule question : pensez-vous, en votre âme et conscience, que le fait même de proposer et a fortiori supplier, lâchement, désespérément et honteusement, les criminels polisariens d’accepter une autonomie sur un tiers du territoire national, n’est-t-il pas en lui-même un échec plus que cuisant du régime de Rabat dans la gestion de l’affaire saharienne ?

lundi, décembre 06, 2010

Libye : chanter en tamazight peut être dangereux

L’artiste amazigh libyen, Abdellah Achini, a entamé une grève de la faim dans sa cellule dans une prison en Libye.

Et ce, pour protester contre sa condamnation à une peine de prison ferme de cinq ans qu’il qualifie de complètement inique.

A. Achini a été accusé par le tribunal de s’adonner au trafic des migrants clandestins. S’il a été déclaré innocent dans un premier jugement, le tribunal a fait volte-face pour le condamner à cinq ans ferme.

L’artiste Achini a dénoncé les deux poids les deux mesures du système judiciaire libyen tout en proclamant son innocence des crimes qui lui sont reprochés.

Sa grève de la faim est une manière pour attirer l’attention des organisations humanitaires sur son cas pour qu’elles fassent pression sur le régime libyen.

À rappeler que les autorités libyennes ont retiré le passeport à M. Achini. Elles lui reprochent d’avoir participé au festival amazigh des Îles Canaries.

Il a été aussi interdit de quitter le territoire national avec sa troupe musicale pour participer au festival amazigh de Tanger.

Abdellah Achini a aussi été exclu de l’aide publique pour enregistrer son album parce qu’il y chante en langue amazighe.



Source : www.tawalt.com

mercredi, août 04, 2010

Aslal ou le miel de l’euphorbe

Il y a plusieurs années, j’avais écrit un petit papier sur Aslal- cela veut dire miel pur ou rayon de miel en tamazight- après avoir écouté l’un de ses one man shows. Si la mémoire m’est encore fidèle, j’avais dit textuellement qu’il était un prodige unique en ce genre. En effet, je n’avais vraiment pas tort et encore moins exagéré. Car la tournure des événements m’a amplement donné raison.

En peu de temps, Aslal est devenu une figure majeure de notre paysage culturel. Il va sans dire qu’il est un artiste plus que complet. Dans la mesure où il est comédien, acteur, chanteur et même... réalisateur. Et tout cela est conjugué, bien naturellement, avec beaucoup de talent que peu de gens oseraient remettre en question. Pour tout vous dire, nous avons affaire à un artiste qui marquera probablement son époque. Indélébilement.

Rencontre

Dès que l’occasion s’est présentée de le rencontrer, je n’ai pas hésité un seul instant. Mais j’ai vite fait de ranger mes idées préconçues au placard. En fait, l’homme, tout en étant affable, est extrêmement sérieux, sobre même. Autrement dit, il ne faut pas vous attendre à ce qu’il vous fasse une blague à chaque coin et recoin de phrase.

Reste que la discussion est extrêmement fluide avec lui, mais il faut impérativement, c’est du moins ma propre impression, faire un net distinguo entre l’Aslal de la scène et l’Aslal de la vie réelle. En vérité, ils ne se confondent pas forcément. Ils peuvent même être par moment très différents, antagoniques même.

Assis donc autour d’un café au centre bruyant, grouillant et brouillon d’Inezgane, nous avons commencé notre discussion par parler de tout et rien. Mais une fois reconnu par les badauds, des sourires fusent de partout. L’homme est indiscutablement une célébrité, une star même. Un fait cocasse a même eu lieu ce jour-là : un petit bambin, a carrément accouru pour l’enlacer. Chaleureusement. Sa mère, venue en trombe et vraiment gênée aux entournures, s’est perdue littéralement pendant un moment dans ses mots pour lui représenter ses excuses les plus plates.

Scène

Même s’il est originaire d’Imtougga, dans la région de Taroudant, Aslal -Rachid Boulmazghi de son vrai nom- a vu le jour à Dcheira en 1975. Orphelin de père- qui était fquih de profession- à l’âge de deux ans, c’était sa mère et son frère aîné qui l’ont pris sur leurs propres ailes. Contrairement à ce que vous aurez pu imaginer, sa vie n’a absolument pas été un drame perpétuel. Loin s’en faut. « Mon enfance a été très heureuse, car Dcheira à l’époque était encore marqué par la ruralité. Il y avait une ambiance très fraternelle et cordiale, marquée par la solidarité sans faille entre tous les habitants », se rappelle-t-il, avec une pointe de nostalgie dans la voix.

Élève brillant, le petit écolier qui était Aslal était un accro des activités scolaires. Il était toujours le premier à vouloir y participer. Avec un enthousiasme qui ne se démentait jamais. En fait, il y a des vocations qui s’annoncent très précocement, pourrait-on dire. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Toujours est-il que pour rien au monde, il n’aurait raté sa participation aux manifestations culturelles de son école. Pour cela, il a une petite explique. « Sur une scène, n’importe quelle scène, je sens toujours ce que je suis vraiment, je me retrouve en fait », explique-t-il, laconique et sans aucunement vouloir forcer le trait.

Blessure

En 1983, lors d’une manifestation à la municipalité d’Agadir, le nouveau directeur de son école a voulu l’empêcher de monter sur scène avec la chorale scolaire sous le fallacieux prétexte que son djellaba -qu’il avait d’ailleurs emprunté à un voisin- n’était pas vraiment convenable. C’était ce qu’il ne fallait pas faire. Le petit Aslal a immédiatement fondu en larmes. Devinant ce qui s’est passé, son maître est allé directement faire toute une scène au directeur en lui rappelant qu’Aslal était son meilleur élément. « Voyons, ce n’est pas l’habit qui compte, mais le travail fourni ! », ajouta le maître complètement remonté à l’adresse du directeur.

Pour autant, la blessure était toujours enfouie quelque part, dans les plis les plus reculés de son cœur. Comme le hasard arrange bien les choses, en 2005, justement une soirée hommage a été organisée par le corps enseignant au même directeur à l’occasion de son départ en retraite. Il s’est trouvé qu’Aslal a été invité pour présenter quelques sketchs. « Et c’est là que j’ai parlé avec lui à cœur ouvert en lui rappelant la terrible blessure qu’il m’avait infligée », se rappelle Aslal, avec un certain sentiment jouissif d’avoir, finalement, crevé l’abcès. « Il n’a pas hésité un seul instant à me prendre littéralement dans ses bras pour me supplier, sincèrement contrit, de lui pardonner», enchaîne-t-il, toujours avec ces inflexions de voix, typiques aux gens d’Aksimen et d’Imsgginen.

Destin

La vocation d’Aslal aurait pu bien s’arrêter après le comportement irresponsable du directeur de son école. Mais il n’en était absolument rien. Il faut bien reconnaître que ce n’était pas la volonté qui lui manquait. Mais le destin aussi l’a grandement aidé. Il y est même pour beaucoup. Car chemin faisant, pendant les années collège pour être plus précis, il s’est liée d’amitié avec un groupe de camarades qui partageaient les mêmes centres d’intérêt que lui. Dont bien sûr l’amour de la comédie.

« Je peux en citer A. Henna, M. Bounnachat, les frères Aït El-Bahi et S. Ouaâdim. Malgré notre jeune âge, nous faisions nos propres sketchs sans la tutelle de quiconque. Nous les soumettons par la suite à l’administration qui les accepte immédiatement. En tous les cas, notre travail plaisait beaucoup au public estudiantin », explique Aslal, le sourire aux lèvres.

La suite du parcours d’Aslal, on la connaît presque par cœur. Le mouvement culturel amazigh l’a parrainé en lui donnant une possibilité d’expression à chacune de ses activités. Ce qui lui a donné beaucoup de confiance en lui et cette sensibilité militante consubstantielle à l’ensemble de son travail.

Originalité

Mais qu’est-ce qui, de plus, caractérise l’humour d’Aslal ? Il a réussi quelque chose d’important, de très important. Et il faut vraiment le reconnaître. En fait, il a eu le mérite de donner un souffle nouveau au tabaqqchichit, l’art comique amazigh. En d’autres termes, il lui a insufflé une bonne mise à jour, en employant le jargon des informaticiens.

Il a été par exemple le premier à traiter les sujets politiques avec un courage qui en a surpris plus d’un. D’autant plus qu’il n’a jamais sa langue dans sa poche. Son sketch portant sur le parlementaire corrompu est tout simple un modèle du genre. Il n’a pas non plus ménagé les siens, les Amazighs, qu’il prend, avec énormément de plaisir, en dérision.

En fait, s’il y a une expression qui peut bien s’appliquer, à mon point de vue, à son humour aigre-doux, c’est bien celle-là : la douceur dans l’amertume. Car la rigolade est vraiment assurée avec lui. Parallèlement, il ne s’empêche jamais de vous dire ses quatre vérités en face. Avec le sourire en plus.

Si on se permet une parabole un peu osée, je dirais que l’humour aslalien est un peu comme ce miel, recherché pour ses vertus médicinales, fait à base de tikiwt ou l’euphorbe. Il est vrai que c’est très bon, mais il faut bien supporter l’irritation aiguë de la gorge et les brûlures momentanées de l’estomac qui vont avec.

En d’autres termes, et c’est le moins que l’on puisse dire, Aslal porte bien son nom de scène. En tous les cas, pour notre part, si on ne peut lui dire une chose : qu’il continue toujours sur la voie qu’il s’est choisie.

vendredi, juillet 16, 2010

L’affaire de l’imam de Rabat : l’amazighophobie expliquée à mes ouailles

Dans une mosquée de Rabat, un imam originaire de la région de Taroudant dans le Souss, aurait comparé le mouvement amazigh au sionisme. J’ai employé le conditionnel, car l’accusé a vite fait de renier ses propos en brandissant, fièrement, son identité amazighe. Comme si le fait d’être amazigh le disculpe de son crime impardonnable. Il faut dire que qu’il est un peu bête notre iman, car il existe énormément d’Amazighs qui sont les champions du monde de la haine de soi. Ils en tirent même une fierté incommensurable et des honneurs qui vont avec. Des exemples ? Feu Abd El Jabiri, Ben Said Ait Idder, Abdeslam Yassine, pour ne citer que les plus connus.

Pour ne pas trop perdre de vue notre sujet principal, dans ce modeste papier, l’on ne va pas discuter le comment et le pourquoi du sionisme qui reste une accusation extrêmement gravissime dans l’imaginaire des Arabes et leurs cerfs – amazighs dans ce cas d’espèce-, mais est-ce que les propos de l’imam en question sont si surprenants que cela ? Pas du tout. En tant que fonctionnaire du Makhzen, le dit imam n’a fait que, le plus naturellement du monde, mettre des mots on ne peut plus clairs sur un attrait palpable et saillant du régime de Rabat : son amazighophobie légendaire.

Je ne pense pas que j’exagère lorsque j’affirme, haut et fort, que celle-ci se confond littéralement avec lui pour ne faire qu’un. Car elle contribue, énormément, à sa propre légitimation. En fait, plus on est amazighophobe- encore mieux si l’on l’exprime à tout va-, plus le régime nous apprécie, nous voit d’un bon œil. Pour preuve, vous avez tous en mémoire les propos pour le moins terroristes d’Abbas El-Fassi sur la langue amazighe. Juste après, comme pour le gratifier généreusement, le même sinistre individu est nommé ... Premier ministre. Encore une fois, ça ne m’étonnerait pas du tout que notre petit imam de Taliouine devienne dans pas longtemps, lui aussi, ministre des affaires islamiques. Même si un autre soussi, Ahmed Taoufik pour ne pas le nommer, occupe confortablement déjà le poste.

En parlant du ministère des affaires islamiques, il faut quand même dire un mot sur sa réaction, car elle est vraiment comique, pathétique même. Selon ce que j’ai lu dans les dépêches de la presse, pour innocenter son imam et le laver de ses propos criminels, le ministère a rapporté que 40 personnes présentes lors du prêche incendiaires de l’imam, ont fait, spontanément apparemment -au Maroc, ce genre d’actions collectives est anormal-, un témoignage écrit pour prendre sa défense.

Mais pourquoi juste 40 personnes ? Les agents du ministère auraient pu mettre 100, 200 et même 100 mille personnes. Car ça n’arrange rien du tout. Ce qu’il fallait faire, si l'on est réellement dans un État qui se respecte, c’est de lancer, illico presto, une enquête policière pour départager les responsabilités. Et le cas échéant, condamner le fautif. Rien de cela, hélas, ne s’est passé. En fait, tant que l’Amazigh est la victime, il faut circuler, il n’y a rien à voir. En un mot, tout baigne. Une preuve, une fois de plus, que la haine de l’Amazigh et de sa culture est et reste une constante éternelle du régime marocain. Même si on essaye ridiculement et risiblement de s’en défendre. Mais, cet énième épisode « imamesque » prouve une chose vraiment importante, il n’y a jamais de fumée sans feu.

Sawl a rrays avec la voix de Tagourramt. Terrible, n'est-ce pas ?

jeudi, juillet 08, 2010

Très belles chansons de Rekia Talbensirt

Lhaj Idder, un grand rrays à découvrir !

Après le décès de Said Achtouk et de Mohamed Albensir, j’ai sincèrement pensé que c’est tout un style (longueur des textes, des mélodies...) de la chanson de tarrayst qui s’en va. Peut-être à jamais. Même si le troisième pilier de cette génération de grands rrays devant l’Éternel, je voudrais parler bien naturellement de Mohamed Amentag, est encore en vie.

Pour autant, comme toujours, la vie peut nous cacher pas mal de surprises. Et des plus agréables en plus. Voilà, il y a quelques mois, j’ai découvert via Internet un grand rrays qui a produit son premier album, Lhaj Idder. Âgé d’une cinquantaine d’années, je peux vous dire que je n’arrête pas de l’écouter, quasiment avec nostalgie, tellement ses chansons me rappellent celles des nos rways classiques. D'autant plus qu'il a tout ce qu'il faut pour être un grand rrays : une très belle voix, des rythmes bien choisis, de la bonne poésie à profusion...

J’espère de tout cœur qu’il va continuer sur la même voie. Car il permet de faire vivre -et de quelle manière- une très belle tradition musicale propre aux rways que personnellement je ne veux pas qu’il disparaisse. Il faut donc impérativement l’encourager rien qu’en se procurant son album.

Si vous voulez l'écouter, cliquez sur ce lien :

http://amayno.net/player/rays-lhaj-idder/rays-lhaj-idder.php


vendredi, juillet 02, 2010

Fès : l'amazighité au service de l'arabisme destructeur

Lisez-moi ce bijou ! Et c'est publié dans Al-Alam de l'''Istighlal''. Pas mal, n'est-ce pas ?


أزيد من 180 فنان في أربع فضاءات بمهرجان فاس للثقافة الأمازيغية
سيكون جمهور مدينة فاس على موعد مع سلسلة من الحفلات يحييها أكثر من 180 فنان عبر أربع فضاءات في إطار الدورة السادسة لمهرجان الثقافة الأمازيغية الذي ينظم في الفترة من فاتح إلى رابع يوليوز 2010تحت شعار «إنماء المبادلات بين المغرب العربي وأوروبا».
وسيستقبل المهرجان، الذي تنظمه مؤسسة روح فاس بشراكة مع جمعية فاس سايس ومركز جنوب-شمال، فنانين كبار من حجم عموري امبارك وأمينة تاباعمرانت وعبد الله الداودي وتاغراولة الجزائرية ومجموعة شافاراد الإيطالية.
ويحتفي المهرجان، الذي ينظم أيضا بشراكة مع المعهد الملكي للثقافة الأمازيغية، بالأغنية الأمازيغية من خلال شعراء وفنانين أعطوا صورة لامعة عن هذا التعبير التراثي العريق.
ويرى المنظمون أن المهرجان، الذي يتواصل تنظيمه منذ 2005، أعطى بعدا دوليا جديدا للعاصمة الإدريسية وقدم نموذجا ناجحا في ما وراء الحدود المغربية من خلال فلسفة الامتزاج الثقافي والأخوة والانفتاح على باقي ثقافات العالم.
وفي الشق الأكاديمي للتظاهرة، ستتمحور الفعاليات حول الدلالات التاريخية، الاجتماعية والأنثروبولوجية للتلاقح الثقافي ودور الهجرة في تعزيز المبادلات الثقافية. ويتعلق الأمر ببلورة مقاربة منسجمة تمكن من توطيد قنوات الحوار الثقافي والتماسك الاجتماعي والثقافة الديموقراطية.
ومن خلال موضوع «الهجرة والتمازج: المغرب العربي-أوروبا»، ينكب باحثون وخبراء وفاعلون في المجتمع المدني على بحث التأثير الإيجابي للهجرة والحوار الثقافي على السلام والديموقراطية والتنمية المستدامة وحماية التراث.
وفي هذا السياق ينتظر الوقوف على القضايا المتعلقة بالهجرة والمبادلات الثقافية ودورها في التنمية والحوار بين أوروبا والمغرب العربي، ملتقى الحضارات، ذي التقليد العريق في التنوع.
ويتناول المشاركون في النقاشات المبرمجة خلال المهرجان «الأمازيغية، الهجرة والكتابة»، «التعدد الثقافي بالمغرب العربي في علاقاته بأوروبا»، «التمازج الثقافي في السياق المغاربي» و»الكتابة وأدب الهجرة».
كما تتضمن فعاليات المهرجان التفاتة تكريم لعدد من الشعراء والفنانين اعترافا بإسهامهم الكبير في النهوض بالثقافة الأمازيغية.

samedi, juin 05, 2010

Que les Amazighs aillent voir ailleurs !

Cela peut paraître très curieux, voire bizarre, dans un pays qui ne vit chaque jour que Dieu fait que pour l’arabité et qui lui consacre, chaque année, des milliards de dirhams. Mais il faut savoir que depuis un an ou deux, il existe au Maroc une association pour la défense de la langue arabe. Surprenant, n’est-ce pas ? Mais une chose est sûre : ses fondateurs peuvent dire, raconter et répéter ce que bon leur semble, ils ne convaincront jamais personne, surtout pas des gens comme moi. Car toute leur agitation brouillonne n’est, in fine, qu’une réaction primaire par rapport aux revendications amazighes. C’est, au fond, cela qui les dérange au plus haut point. Je suis même absolument sûr et certain qu’elles leur causent des insomnies sans fin.

C’est vrai, ils ne le disent pas ouvertement et courageusement. Mais à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, ils décochent vicieusement des flèches empoisonnées au tamazight à qui ils dénient, avec une arrogance sans pareil, le statut d’une langue. D’après ces très honorables défenseurs de l’arabe, si on comprend bien leurs allusions de « très grands linguistes devant l’Éternel», la langue amazighe n’atteint même pas le niveau d’un langage de signes. Donc, juste bonne à être méprisée et combattue. Avec la plus grande des fermetés. Au Maroc, il n’y a place que pour une seule langue, l’arabe, et pour un seul peuple, les Arabes. Telle est leur devise exprimée le plus platement possible. Les autres, à savoir les Amazighs, ont toute la latitude de dégager, purement et simplement, ou de la fermer ad vitam aeternam. Et subir bien naturellement dans le silence. Comme ils l’ont toujours fait.

Pour autant, pour tromper les plus naïfs- et Dieu sait qu’ils sont encore et toujours la majorité chez les Amazighs- sur leurs réelles motivations, tous les tonitruants porte-parole officiels ou officieux de cette association pas comme les autres se disent, tous, ensemble, en chœur, contre la place importante prise par la langue de Molière dans les rouages de l’État et dans la vie sociale. Mais de qui se moque-t-on ? Nous prennent-ils pour des andouilles ? C’est plus que sûr.

Pour tout vous dire, je ne cherche qu’à croire ces baâthistes à la petite semaine. Mais qu’ils commencent par être logiques avec eux-mêmes ! Il faut savoir, si paradoxal que cela puisse être, que cette fameuse association est présidée par un professeur justement de la langue de... Molière. Rien que cela. Mais alors, comment peut-on combattre un idiome que l’on enseigne chaque jour que Dieu fait ? Ne faut-il pas donner l’exemple en arrêtant définitivement de le promouvoir et consacrer sa vie, ou ce qu’elle en reste, à la promotion de l’arabe ? En fait, c’est tout bonnement un non-sens comme disent nos amis anglophones.

Chers amis, je ne vous le fais pas dire, il faut reconnaître que l’on nage encore et toujours, comme c’est souvent le cas au Maroc, en plein délire schizophrénique. Mais le plus dangereux, c’est ce racisme anti-amazigh qui commence à atteindre des gens par forcément motivés par des considérations idéologiques importées du Moyen Orient. En parcourant Internet, je suis tombé par le plus grand des hasards sur une page sur Facebook où un sinistre individu appelle crânement à la suppression pure et simple des très rares programmes amazighs de la RTM et de 2M (http://www.facebook.com/pages/No-Amazigh-In-RTM-2M/118350951513688) (Apparemment la page a été supprimée !). Et ce, sous le fallacieux prétexte que ces deux chaînes sont la propriété exclusive et unique des Arabes. Pire, l’auteur de la page ne s’est pas empêché d’inviter carrément les «parasites» amazighs, comme ils nous appellent si joliment, d’aller voir ailleurs. C’est quasiment l’application quasi parfaite du fameux adage : sberrk ten, ttayen k ( tu les invites et ils te délogent).

Que ce soit dit une fois pour toute, je ne suis pas du tout surpris par de telles attitudes pour le moins terroristes. Il faut savoir que ce n’est qu’une conséquence des plus logiques des politiques anti-amazighs du régime de Rabat. En fait, il a toujours considéré les Amazighs comme de parfaits étrangers sur leur propre terre en accordant toute les légitimités possibles et imaginables aux Arabes et à leur culture. D’ailleurs, tout le brouhaha assourdissant, et je pense que vous vous le rappelez, fait à coup de millions de dirhams autour de la fondation de la ville de Fès et la venue au Maroc d’Idriss 1er, un réfugié arabe pourchassé comme un mal propre par les siens, en est la preuve la plus patente.

Pour conclure, il ne faut nullement s’étonner de voir que des énergumènes, comme ce minable débile de Facebook, pulluler comme des crickets pèlerins. C’est dans la logique des choses. L’idéologie officielle étant bien naturellement le creuset le plus fertile de l’amazighophobie la plus criminelle. En fait, mes chers frères amazighs, il faut donc vous prépariez à des jours encore plus sombres. Votre survie est plus que jamais menacée. Déjà que l’UNESCO, cette même organisation qui a rendu un vibrant hommage il n’y a pas si longtemps au raciste amazighophobe, feu Al Jabiri, nous annonce que dans 50 ans, le tamazight fera partie du passé. Mais quel horrible cauchemar ! J’espère de tout cœur que je ne serai plus en vie à ce moment-là pour être témoin d’une telle situation.

lundi, mai 31, 2010

la Map : l'excellence en journalisme

La MAP, c'est le Maghreb arabe (ah bon!) presse, la très fameuse agence officielle du régime marocain. Mais pourquoi j'en parle ? En fait, c'est simple. Si on demande à l'un de ses nombreux scribouillards -il ne faut surtout pas les appeler des journalistes, c'est le désigner par ce qu'ils ne sont pas- d'écrire sur le Moyen-Orient, il ne ferait certainement pas autant d'erreurs sur les personnes et les toponymes de cette région du monde. Parce qu'il la connait mieux que le Maroc. Pour preuve, lisez ce chef-d-oeuvre pour voir comment le MAP -qu'est-ce que j'aime cette appellation!- , charcute, horriblement et impitoyablement, les toponymes pour produire un charabia sans queue ni tête. Et on ose encore se poser l'utilité de l'apprentissage de l'amazigh. Si ce ridicule de journaleux avait un minimum de connaissance de cette langue, il saura que l'on parle non pas de Ouakak et d'Aklou, mais respectivement d'Ouaggag/Waggag et d'Aglou. Pour les fautes de syntaxe et d'orthographe, c'est une tout autre histoire. Mais ce n'est pas vraiment le propos ici. Alors, lisons sans trop attendre !

Tiznit,31/05/10- La célébration des symboles de la science et de la culture dans la région du Souss est une tradition louable à préserver, ont fait remarquer les participants aux journées d'étude organisées à Tiznit en commémoration du millénaire de l'école Ouakak Ben Zellou Lamti.

Les participants ont appelé aussi, à l'issue des travaux de cette manifestation organisée du 28 au 30 mai courant par l'Association des oulémas de Souss sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, à assurer la compilation et une large diffusion des travaux de ces journées dans les pays islamique et l'Afrique, et à immortaliser le nom du grand érudit Ouakak en baptisant de son nom des établissements et des quartiers de la ville de Tiznit.

La cérémonie de clôture de cette rencontre, initiée sous le thème "Ribat Ouakak Ben Zellou Lamti et la consécration de l'unité du rite et de l'identité nationale au Maroc", a été marquée par l'organisation dans l'enceinte de l'école Sheikh Ouakak à Aklou d'une conférence au cours de laquelle les intervenants ont souligné la nécessité d'entourer cette école et ses dépendances de l'intérêt requis en termes d'entretien et de mise à niveau afin qu'elle puisse s'acquitter convenablement de sa mission de formation et d'orientation dans les domaines religieux et scientifique.

Une pléiade d'oulémas et de chercheurs du Maroc, de Tunisie, de Mauritanie et du Niger ont participé à ces journées d'étude dont le programme a comporté une série de conférences axées notamment sur "Cheikh Abou Mohamed Ouakak: ribat et medersa", "Ribat Cheikh Oukak et son apport éducatif et scientifique", "l'institution des oulémas et la société", et "le rôle des oulémas dans l'unification de la Oumma".

Les interventions ont mis en évidence l'apport indéniable de la medersa Oukak Ben Zellou dans la diffusion du rite malékite et dans la formation d'un grand nombre d'oulémas et érudits.

Elles ont mis l'accent également sur l'apport de Sidi Ouakak Ben Zellou dans les domaines religieux et scientifique au Maroc, plus particulièrement dans le Sud du Royaume et son rô le d'avant-garde dans la préservation du modèle traditionnel d'enseignement.

La séance de clôture, qui s'est déroulée en présence du secrétaire général du Conseil supérieur des Oulémas, M. Mohamed Yessef, du membre de l'Académie du Royaume, M. Abdelhadi Tazi, et du gouverneur de la province de Tiznit, M. Driss Benaddou, a été marquée par la remise de présents symboliques à des participants et invités de ces journées d'étude.

MAP

samedi, mai 22, 2010

L'identité, l'histoire et l'État national

C'est vraiment rare que je fasse cela : traduire un texte pour le poster sur mon blog. Je pense que le texte que vous allez lire le mérite amplement. Il le vaut bien, comme le dit une fameuse publicité. Il est écrit par Ahmed Aassid. En quelques paragraphes, il a réussi à démonter, courageusement, pas mal d'idées reçues. Des idées qui sont encore utilisées à souhait pour légitimer le pouvoir politique et pour donner à certains des intérêts économiques exorbitants. Tout cela dans un Maroc encore ravagé par le sous-développement sur tous les niveaux. La réaction d'un scribouillard bien connu par son amazighophobie, Moustapha El Alaoui, (http://www.marayapress.net/index.php?act=press&id=2870) en dit long sur le malaise causé par le très courageux article de Aasid. Par ailleurs, pour lire son texte originel, cliquez sur ce lien : http://www.amazighworld.org/arabic/news/index_show.php?id=918

L’identité, l’histoire et l’État national

(Aux divers gardiens du vieux temple)

La couverture non professionnelle et carrément tendancieuse, publiée sur la première page du journal d’Al-Ittihad Al-Ichtiraki, de ma conférence donnée lors d’une manifestation culturelle à la faculté des lettres de Casablanca, a suscité des réactions positives mais aussi négatives. Mais la pire de toutes est incontestablement celle de Moustapha El Alaoui, le directeur de l’hebdomadaire d’Al-Ousbouà.

Je rappelle, pour mettre les choses dans leur réel contexte, que le thème de ma communication a été l’identité en rapport avec l’histoire. Il faut savoir que l’identité n’est nullement une donnée brute, mais une pure construction. Pour corroborer mes propos, j’ai évoqué les identités de nombreux États nationaux. En fait, elles sont toutes construites par voie de sélection. Ni plus ni moins.

Pour ce faire, des paramètres ont été choisis parce qu’ils répondent aux besoins politiques du moment et aux intérêts des classes dominantes. D’autres ont moins de chances : ou bien ils sont retouchés pour qu’ils cadrent avec l’idéologie officielle, ou bien ils sont purement et simplement exclus. Car, aux yeux des dominants, ils les desservent plus qu’autre chose.

J’en veux pour preuve le cas de l’amazighité au lendemain de l’indépendance qui a été totalement mise de côté pour laisser place au fameux triptyque (l’arabité, l’Islam et la dimension andalouse) et ainsi devenir l’identité officielle de l’État marocain ; la grande publicité faite au slogan de l’unité du peuple et du trône ; la réduction de l’histoire du Maroc à seulement... 12 petits siècles ; le symbolisme entourant le culte des mausolées, comme c’est le cas de ceux de Driss I et son fils , et leur exploitation à des fins éminemment politiques ; la place prépondérante, pour ne pas dire envahissante, prise par la musique andalouse dans le paysage culturel du pays ; l’origine turque du fez rouge et la manière avec laquelle il est devenu partie prenante de l’habit officiel du Maroc après avoir totalement disparu au Moyen-Orient et dans les pays d’influence ottomane.

En posant des questions et en revisitant l’histoire, mon seul et unique but est que les élèves comprennent un point : la légitimité politique ne se fonde nullement sur une narration particulière de l’histoire, gardée jalousement, et sur une mise de lignes rouges un peu partout pour empêcher toute possibilité d’explication et d’interprétation. Elle se base plutôt, à mon point de vue, sur leur renforcement de la construction démocratique qui libère l’histoire des mains du pouvoir pour en faire un objet d’étude loin de toute subjectivité et des intérêts politiques contingents.

Si jamais ces dernières conditions se concrétisent, le pouvoir se trouvera poussé à se débarrasser des mythes et des traditions archaïques, et la raison renouera avec la liberté et prendra toute sa place en ouvrant grande ouverte les portes du savoir et de la création. Ainsi, l’on pourra aisément décortiquer et expliquer les logiques de la tyrannie pour mieux la combattre ; sur le plan social, réaliser l’égalité des chances, basée uniquement sur la citoyenneté sans aucune distinction entre un noble et un roturier ; sur le plan culturel, créer une homogénéité nationale par le biais du sentiment d’appartenance à la citoyenneté marocaine avec toutes ses composantes et sans discrimination aucune ; au niveau économique, rendre possible une distribution équitable des richesses nationales et rendre justice aux régions lésées pour cause de jacobinisme excessif.

En réalité, la question identitaire est inhérente à tous les maux de la société marocaine d’aujourd’hui. Cependant, les gardiens du temple- surtout les tenants des arbres généalogiques vieillots- ne veulent absolument discuter cette problématique dans la mesure où la situation actuelle favorise énormément leurs intérêts.

Pour démontrer la véracité de nos propos, des documents historiques de grande importance seront publiés incessamment. Mais, pour dépasser le tohu-bohu actuel provoqué par des agitateurs qui ne maîtrisent que l’art de l’intimidation et de la menace, je vous propose déjà quelques éléments de notre sujet que des historiens passés et actuels ont déjà eu à étudier.

Pour le commencent de l’histoire du Maroc il y a 12 siècles, c’est-à-dire avec la venue de Driss I, toutes les références historiques en notre dispositions disent complètement le contraire. Citons, par exemple, Al-Bakri dans ses Al-Mamalik wa Al-Masalik, Ibn Âoudari dans son Al-Bayan, Ibn Abi Zarâ dans son Al-Qertas, Ibn Al-Khatib dans Aâmal al-Aâlam et Ibn Khaldoun dans Al-Âibar ! Pour tous ces historiens, les Idrissidens n’ont absolument pas fondé l’État marocain. En fait, ils avaient juste mis sur place une minuscule principauté parmi tant d’autres qui existaient au Maroc à cette époque-là.

Driss I n’a eu l’allégeance des populations amazighes de Walili qu’en 789 de notre ère, alors que la première principauté marocaine ayant déclaré son indépendance par rapport à l’Orient arabe est celle des Beni Medrar dans le Sud-Est marocain. Pour vous donner une idée de son ancienneté : leur capitale, Sijilmassa, a été fondée déjà en ... 757 de notre ère. Pas très loin de là, en Algérie actuelle, Abderrahman Ben Roustoum a été désigné grand imam de sa principauté dont la capitale est Tihert (Tiaret) bien avant l’escapade au Maroc d’un quelconque Driss ben Abdellah.

Dans le Nord du Maroc, la principauté salhide a toujours existé parallèlement aux Idrissides. Elle a duré jusqu’au 11e siècle. Sur la côte atlantique, les Bourghouata n’ont jamais été dérangés par personne. Pire, les Idrissides n’ont jamais pu mordre sur leurs plates-bandes. Cela étant dit, la première dynastie musulmane, au sens vraie du terme, est les Almoravides. Elle été capable d’éliminer toutes ces minuscules principautés pour fonder réellement l’État marocain.

Mais la question qui se pose avec insistance, pourquoi les officiels actuels du Maroc ont-ils fait le choix des Idrissides et non des Almoravides ? Pour la simple raison que Driss I est un Arabe qouraïchite. Son symoblisme pour les Alaouites- arabes eux-mêmes- n’échappe à personne. Car il démontre l’ancienneté de la présence arabe au Maroc. L’enjeu est bien naturellement la question de la légitimité historique dont les éléments constitutifs sont plus inventés qu’autre chose. Leur authenticité est, par voie de conséquence, loin d’être une réalité historique.

Ajoutons que l’autorité des Idrissides n’a été effective sur leur territoire que durant 31 ans (5 ans pour Driss I et 26 ans pour Driss II). Pour leur progéniture, l’histoire n’a absolument rien retenu d’elle sauf ses éternelles disputes pour s’approprier des parts du territoire. Pire, affaiblis par leurs dissensions internes et menacés de toutes parts par les tribus amazighes voisines, les Idrissides se sont repliés sur la ville de Fès et ses alentours pour une durée d’un siècle. Le coup de grâce est finalement venu avec l’apparition des Almoravides qui les ont poussés à quitter à Fès et à se disperser un peu partout en Afrique du Nord.

Quant à l’allégeance faites par les tribus amazighes, le récit qui en a été officiellement ressemble plus un conte pour enfant qu’autre chose. Pour échapper à un assassinat plus que sûr, Driss I est arrivé au Maroc en grand sauveur. Si celui-ci est considéré comme un homme quasiment mythique, les Amazighs, eux, sont décrits comme de parfaits idiots qui n’attendaient qu’un homme providentiel pour résoudre le vide politique où ils pataugeaient.

En fait, les choses ne sont pas si simples que cela. L’histoire parle de contacts entre les Alaouites et les Amazighs parce qu’ils s’opposaient au pouvoir des Abbassides. D’autant plus que Driss I ne se serait jamais aventuré au Maroc si son frère Mohamed ne lui avait pas préparé le terrain, sachant que les Amazighs sont d’irréductibles opposants au pouvoir central abbasside. J’en en veux pour preuve le rôle déterminant de coordinateur jouée par Rachid d’Aouraba, qui avait une dévotion particulière pour la famille du prophète.

Cependant, ce n’est qu’après le décès de Driss I que l’on saura que le genre d’accord entre celui-ci les élites d’Aouraba où tout le monde est gagnant. Il s’agissait ni plus ni moins que d’une véritable transaction politique. En fait, les chefs d’Aouraba avaient des prétentions purement politiques de domination. Pour arriver leur fin, il a été décidé d’user du prestige de l’origine prophétique de Driss I et la puissance militaire des Amazighs d’Aouraba. D’ailleurs, une fois cet accord rompu par Driss II, qui s’est appuyé essentiellement sur l’élément arabe, le destin des Idrissides est définitivement scellé. Ils disparaîtront, par la suite, sur les coups de boutoir de Moussa Ben Abi Al-Âafiya.

Pour ce qui est des mausolées, c’est la même histoire qui se répète. Les historiens savent tous que la tombe de Driss I n’a été découverte qu’en 1318, 525 ans après sa mort (il est décédé en 793). De même que la tombe de Driss II qui n’a été découverte elle aussi qu’en 1437, soit 609 ans après son décès (il est mort en 828). En fait, cette récupération de la symbolique des mausolées des cherfas idrissides répond encore une fois à un besoin politique. Il sert à s’opposer au mahdisme qui est encouragé par les Hafsides, aux rébellions des tribus amazighes jalouses de leurs traditions ancestrales et à l’autorité des zawiyas qui deviennent de plus en plus forte.

Mais comment les tombes ont-elles été trouvées ? Si anecdotique que cela puisse être, c’était par le biais d’un rêve d’un descendant des Idrissides pendant la période des Mérinides. Mais les choses deviennent plus claires, lorsqu’on sait que par la suite un autre Idrisside s’est proclamé roi à la tombe de Driss II. En fait, les mausolées idrissides répondent à des besoins politiques immédiats. Il fallait donc les trouver. Pas n’importe quel moyen. Mais lorsqu’on sait que les techniques modernes d’identification des corps n’étaient pas encore disponibles à l’époque, il faut donc en conclure les enseignements qui s’imposent.

Pour la dynastie alaouite, les mausolées idrissides ont servi aussi. Il faut savoir que juste après son intronisation, le nouveau roi effectue immédiatement une visite à la tombe Moulay Driss. Car sa symbolique est très forte dans la mesure où le passé est relié au présent. Bien plus, pendant le protectorat, lors de la maladie du Général Lyautey, quelques notables et quelques religieux de Fès sont venus lui rendre visite avec un tas de bougies ramenées de la tombe de Moulay Driss. Ils lui ont même récité le fameux « llatif » lorsqu’ils étaient à son chevet. Comme quoi la baraka de Moulay Driss n’atteint pas les musulmans, mais les chrétiens aussi. (Cf. Didier Madras, Dans l’ombre du Maréchal Lyautey, 1953, p. 81)

Que les choses soient claires, le but du rappel de tous ces faits, qui se trouvent dans beaucoup de livres pour ceux qui veulent en savoir plus, n’est pas de remettre en question les généalogique de certains, mais de connaître l’histoire avec un véritable raisonnement historique. Parce que l’on ne pourra jamais avancer si l’on utilise continuellement l’héritage pour retourner systématiquement en arrière.

Quant au fez turc et à la musique andalouse qui deviennent des emblèmes nationaux, il ne s’agit, en fait, que d’une sélection des autorités. Mais le problème c’est que ni l’un ni l’autre ne sont véritablement marocains. Si le premier est incontestablement turc, le deuxième, à savoir la musique andalouse, n’a été ramené que lorsque les Arabo-Andalous ont trouvé refuge dans les pays des Berbères, comme le Maroc est désigné par les historiens de l’époque. À rappeler que pendant des décennies la musique andalouse a monopolisé outrageusement les médias nationaux au détriment des autres musiques réellement marocaines et plus proches des gens. Une preuve, encore une fois, de la violence symbolique faite à tous les Marocains des années durant.

Pour conclure, le Maroc vit actuellement un débat public où aucun sujet n’est tabou. Ses forces vives doivent impérativement s’armer de beaucoup de courage pour enraciner dans la société les valeurs de la pensée démocratique moderne, basée sur la rationalité et la liberté. Et ce, dans le but de bien saisir le passé et s’en distancer afin qu’il ne devienne avec toutes ses déficiences habituelles notre devenir.

Ahmed Aasid